La Bonne Vie
Roman du milieu
Jean GALTIER-BOISSIÈRE
Ce récit dépeint avec une sombre truculence, parfois sordide et toujours juste, la vie au sein des maisons closes où le bourgeois vient étancher sa soif de plaisirs interdits, ces temples dédiés à l’amour à la française où l’on se presse du monde entier pour goûter au raffinement du Paris des années folles. Mais loin de glorifier le folklore de cette autre “belle” époque après la grande boucherie de la Première Guerre mondiale, Jean Galtier-Boissière, l’un des grands journalistes polémistes de l’après-guerre, nous fait découvrir l’envers du décor.
La Bonne Vie, c’est le récit du quotidien de trois “macs”, représentant bien le milieu de l’époque. Il y a là Ptit Louis, ancien condamné militaire aux Bats d’Af, petit proxénète qui a jeté son dévolu sur deux jeunes sœurs fraîchement débarquées de leur Bretagne natale. Il a tout prévu : le train jusqu’à Bordeaux avec un complice — on ne sait jamais, les gamines pourraient se rebeller —... et après l’embarquement pour les Amériques : elles ont gobé l’histoire de la tournée de music-hall et ne se doutent pas qu’elles ont été vendues à un bordelier de Buenos Aires. On découvre aussi Eugène Fouat, dit “Gras du genou”, le commerçant spécialisé en femmes, qui va s’associer avec Sarah, l’ex-prostituée, pour constituer un empire dans le Paris de l’entre-deux-guerres. On croise aussi Joseph Mourron dont une prostituée s’est amouraché : il a de la chance, c’est une travailleuse “un bon bifteck”, il n’a pas besoin d’aller à l’usine.
Écrit sous forme de récit, il dépeint une réalité quelque peu occultée par les romans policiers, le cinéma, la presse... toute la production de cette mythologie du milieu, des voyous et de Paris, capitale du plaisir et des amours. Tout ceci n’est en fait qu’une industrie du sexe, pour laquelle travaille un peuple de femmes et d’enfants, sous la coupe réglée des “beaux-mecs” — des proxénètes sans scrupules — et encadrée par la République qui maintient ordre et santé publique en fermant les yeux sur la violence au sein de ces maisons.
L' Auteur

Jean GALTIER-BOISSIÈRE
Né en 1891, Jean Galtier-Boissière est issu de la bourgeoisie protestante parisienne. Il créa dans les tranchées un journal, Le Crapouillot, d’orientation anarcho-pacifiste, qui devint un journal majeur de l'après-guerre. Pacifiste et homme de gauche, il collabora à un fameux autre journal, le Canard enchaîné. Il est mort en 1966.