Laurent Petitmangin, Ce qu'il faut de nuit
Roman
198 pages
a paru le 20 août 2020
ISBN 978-2-3588-7679-7
Laurent Petitmangin

Ce qu’il faut de nuit

Roman
198 pages a paru le 20 août 2020 ISBN 978-2-3588-7679-7
Roman
198 pages a paru le 20 août 2020 ISBN 978-2-3588-7679-7

LE LIVRE AUX 22 PRIX LITTÉRAIRES

C’est l’histoire d’un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choississent ce qui a de l’importance à leurs yeux, ceux qu’ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir.

  • Laurent Petitmangin est né en 1965. Employé chez Air France, grand lecteur, il écrit depuis une dizaine d’années et a publié trois romans à La Manufacture de livres.
    • Laurent Petitmangin, Les Terres animales
    • Laurent Petitmangin, Ainsi Berlin
  • Un premier roman déjà en cours de traduction ou publié dans de nombreux pays (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Angleterre, Japon, Corée, Espagne, Etats-Unis, Portugal...) et considéré comme une véritable révélation.

    Ce qu’il faut de nuit a déjà rencontré un fort succès ce qui lui a valu l’attribution plusieurs prix : Le Prix Fémina des Lycéens, le Prix Libr’à nous, le Grand Prix du Premier Roman, le prix Stanislas 2020, le prix Feuille d’or des Medias 2020, le Prix du Barreau de Marseille, le Prix littéraire On’, ainsi que le prix Georges Brassens 2020. Il est également lauréat des prix des lecteurs des bibliothèques de la Ville de Paris, des librairies Mots et images à Guingamp, de la Maison de la presse des Herbiers, de la Bibliothèque Andre Malraux de St-Philbert-de-Grand-Lieu, du Prix des bibliothécaires d’Hérouville-Saint-Clair, des Médiathèques de Colombes, de la Bibliothèque Pour Tous d’Equeurdreville, de la librairie de Brignoles dans le Var, du prix littéraire des lecteurs de Chennevières-sur-Marne, du Prix La Passerelle, du Prix Anne Ténès des collégiens et lycéens du nord du Lot, du Prix Colleville en dix lire, du Prix de l’ENS Paris-Saclay, du Prix de la bibliothèque municipale d’Amfreville-la-Mivoie, du Prix Un livre, une commune, du Prix de la Médiathèque départementale de Saint-Vallier, du Prix des lecteurs de Corse, du Prix Lire Elire de l’Assocation Culture et Bibliothèques Pour tous Nord Flandre, du Prix des 2 rives de la Médiathèque Départementale de Saint-Vallier, du Prix des lecteurs de la Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, du Prix des Lecteurs de Pouzauges, du Prix Littéraire de la Roquette et du prix C.E 38. Un grand merci à eux.
    Ce roman fait partie de la sélection du Prix littéraire des Lycéens de l’Euregio 2023. Enfin le texte a été sélectionné parmi les titres proposés au Festival des premiers romans de Laval et Chambéry et fait partie de la sélection de Rentrée Littéraire France Inter/Le Point, de l’opération Attention Talents ! de Cultura ainsi que des sélections de rentrée de la Fnac, de Decitre et du Furet du Nord.

    Pour en savoir plus, vous pouvez consulter cette présentation du roman destinée aux professionnels avec quelques mots de présentation de l’auteur.

  • Revue de presse
    Le lecteur se retrouve en apnée. Laurent Petitmangin a réussi son rendez-vous avec la littérature. Ce qu’il faut de nuit bruit de thèmes universels, de la perte des repères sociaux aux conflits générationnels.
    Poignant !
    Petitmangin a l’art de porter sur ses personnages - même vaincus, mêmes coupables - un regard terriblement humain.
    Un premier roman bouleversant qui vous hante longtemps après que vous l’avez reposé, la gorge nouée. 
    Magnifique !
    Un texte d’une finesse et d’une sensibilité rares, qui dit l’imperceptible avec les mots d’un monde qui vacille.
    Un roman tout en pudeur et en retenue aux formidables éditions de la Manufacture de livres.
    Un roman social aussi sublime que douloureux. 
    Magnifique texte, un uppercut en plein coeur, notre coup de coeur de la rentrée littéraire !
    Un premier roman inoubliable, Laurent Petitmangin écrit comme on vit. Et c’est fulgurant. 
    De l’amour et du silence dans ce premier roman, et c’est bouleversant. 
    Une écriture directe, un livre poignant et modeste, bouleversant comme le poème de Supervielle qui donne son titre à ce premier roman.
    Impossible de ne pas dévorer d’un trait ce court texte déchirant et beau. Prix en vue !
    Un roman sans fioriture pour dire l’amour d’un père pour ses enfants et qui va vous bouleverser.
    Un roman qui saisit et sonne le lecteur, comme une rixe entre deux bandes dont personne ne sort vainqueur.
    L’une des sensations de la rentrée !
    Avec Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin signe un roman social aussi sublime que douloureux.
    Et chaque fois, Laurent Petitmangin trouve le mot juste.
    Bouleversante, l’écriture parle avec énormément de pudeur des sentiments familiaux.
    Déjà lauréat du prix Stanislas pour ce premier roman, Laurent Petitmangin signe un bijou bouleversant sur les émotions et les certitudes ébranlées d’un père.
    Jusqu’où peut-on vraiment aimer et soutenir ses enfants ? Un livre bouleversant.
    Si cette histoire bouleverse à ce point, c’est parce que Laurent Petitmangin a trouvé le style juste pour la raconter.
    C’est un récit court et intense, on le dévore la gorge nouée tant chaque phrase sonne juste.
    Dans une langue en juste adéquation avec la modestie et la dignité de ses personnages, Laurent Petitmangin dépeint une France marginalisée, éloignée de tout, qui n’intéresse personne.
    L’écriture gracile, aérienne, est empreinte de tendresse et s’abstient du misérabilisme ambiant.
    Un livre qui vous prend au tripes, une écriture pudique et sobre.
    Pour son entrée en littérature, Laurent Petitmangin frappe juste. Des phrases courtes, sans fioritures, brossent les décors en quelques mot. Toujours pudique, Ce qu’il faut de nuit prend aux tripes.
    Magnifique et déchirant. Terrible et enthousiasmant. 
    Magnifique roman signé Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit brille par la fulgurance d’un style pourtant minimaliste qui sonde les cœurs et les consciences.
    Ce qu’il faut de nuit, dont la langue épurée n’entrave pas l’émotion, est l’histoire d’une rupture filiale au temps de la mort des idéaux. Une tragédie de l’amour inconditionnel, avec cette phrase, bouleversante : «C’était mon fils. Tout ce qui lui arrivait m’arrivait.»
    Ce premier roman de Laurent Petitmangin vaut un bon essai politique.
    De la justesse, de l’émotion.
    Un pavé d’émotion crue.
    Il dit avec une infinie justesse la violence que c’est pour un père de ne plus reconnaître son fils.
    Un père peut-il être déçu par son fils ?
    Avec humour et simplicité, Laurent Petitmangin est revenu sur « l’urgence » ressentie à écrire ce roman, son « premier publié », ses sources d’inspiration, ses techniques d’écriture.
    Petitmangin a restitué son histoire de choc générationnel avec une qualité douloureuse, une voix profonde chargée de tristesse et une efficacité attendrissante. Mémorable. Retrouvez ici l’ensemble de l’interview en langue espagnole
    « Le plus souvent, au départ de mes histoires, il y a une image. Là, j’avais une sorte de photo de famille avec des enfants jouant devant leurs parents et une question en tête qui était : comment peut-on être déçu de ses enfants, quelles projections peut-on avoir, quelles peurs... »
    Ce qu’il faut de nuit raconte ces liens qu’on aimerait ne jamais briser et les failles familiales qui entraînent la désillusion.
    Il y a quelque chose des affres de la condition humaine dans ce livre-là.
    Ce qu’il faut de nuit est une remarquable entrée en littérature, percutante, pleine de sensibilité et de justesse.
    Fascim tears a grieving family apart in one of the year’s best debut novels.
  • Une voix paternelle bouleversante et désespérée. Un 1er roman qui sonne et désarçonne.
    Prenez votre agenda et le 20 août prochain ; réservez une plage horaire pour vous précipiter chez votre libraire. Vous ne reprendrez votre activité qu’après l’avoir lu, mais dans un état différent : tripes nouées, yeux rougis, un peu sonné. J’en ai fait l’expérience : tout revient progressivement à la normale, ou presque. C’est le fameux monde d’après. Sauf que celui-ci existe vraiment. Il y avait l’avant. Avant de l’avoir lu.
    Un grand livre, essentiel en cette rentrée, une réussite impressionnante.
    Je suis encore sous le choc. Ce roman est très fort.
    Une incroyable découverte.
    Une lecture sensible et poignante.
    Quel beau premier roman ! Magnifique texte qui m’a ému, on va dire que pour le Goncourt, c’est fait...
    Un roman entamé ce matin et lu d’un jet. Happé d’un bout à l’autre par une écriture incisive, vive comme un match de boxe.
    Un récit à la fois touchant et tragique sur la transmission des valeurs familiales. Coup de cœur de la rentrée !
    Une vraie réussite.
    Ce livre met à nu les sentiments contrariés de ces trois personnages, dans une incapacité à se parler, à se comprendre. Dans une pudeur délicate, Laurent Petitmangin offre un livre poignant, d’une grande humanité. Avec un talent de la phrase, où chaque mot porte le poids, l’intensité, la vérité de tout un trouble.                           
    Un roman intime et social lu comme un contrepoint à Leurs enfants après eux, le Goncourt 2018. Tout simplement réussi et c’est ce mot, simplement, qui est la réussite de Laurent Petitmangin... Bravo.
    Un livre fort, d’une finesse inouïe sur des sujets sensibles. Un portrait de père extrêmement touchant !
    Bluffant.Tout y est, le style, l’histoire, l’émotion. Je l’ai lu d’une traite et j’en sors scotchée.
    Un premier roman remarquable,fulgurant et terriblement émouvant ! 
    L’auteur pose aussi une question fondamentale : peut-on tout supporter au nom de l’amour paternel, au nom de l’amour fraternel ? Attendez-vous à sortir bouleversés de ce roman, sensible et déchirant...
    Justesse du ton, personnages plus vrais que nature, peinture sociale affutée; un premier roman impressionant. Si à la fin du chapitre vous n’avez pas le coeur brisé, c’est que vous n’en avez pas !
    Roman court, pas un mot de trop, sur la paternité, la confiance, la vie qui coule sans qu’on en tienne les rênes. Un premier roman prometteur !
    Un premier roman étonnant par son style vif, ses phrases courtes et évocatrices. Une fiction qui décrit mieux qu’un long discours, ou un essai sociologique, la réalité sociale de certaines petites villes françaises.  
    Il dit avec justesse, ce que signifie être père. Tout donner, douter, accepter de pardonner, et par dessus tout aimer. Bouleversant. 
    La Manufacture du livre, avec ce premier roman qui prend aux tripes et qu’il est impossible de refermer une fois entamé, publie un incontournable de cette rentrée littéraire.
    C’est un récit où les émotions explosent, un tourbillon qu’on lit presque en apnée. Une histoire faite de petits riens, qui font une belle vie.
    C’est un premier roman qui est rempli de beauté, tout simplement bouleversant !!
    Une réussite, j’ai adoré, dévoré, pleuré ... merci Laurent Petitmangin !
    Quel uppercut que ce 1er roman ! Quand l’inimaginable surgit, sans prévenir, c’est souvent une question de rencontres, bonnes ou mauvaises, et les mauvais hasards ne pardonnent pas. On lit ce livre la boule au ventre et on le referme plein d’empathie et la gorge serrée.  
    Une très belle et poignante émotion nous étreint à la lecture de ce premier roman. L’amour d’un père, l’amitié et la solidarité traversent l’histoire de ces vies beaucoup trop silencieuses. Un magnifique roman intime et social. 
    Un roman social juste et terrible. Un récit d’une grande force, beau et implacable. 
    Un beau roman réaliste qui nous conte l’amour paternel sans aller dans la démesure mais en gardant une profonde sincérité et une grande sensibilité. Un roman qui touche parce qu’il parle de l’équilibre familial, de la perte, de la difficulté de communiquer, de la transmission, etc. Un roman fort et marquant parce que riche d’humanité !
    Un premier roman fort et sensible, qui vous emporte. “Je pense que ça a été une belle vie. Les autres diront une vie de merde, une vie de drame et de douleur, moi je dis, une belle vie."
    Ce premier roman vibrant retranscrit avec justesse et sensibilité la douleur sourde d’un père qui voit son fils s’éloigner peu à peu. Une relation, où tout ce qui se dit compte autant que ce qui est tu, qui vous prend à la gorge, vous écorche et vous remue. 
    Ce qu’il faut de nuit, tout en pudeur nous conte ce que c’est que d’essayer d’élever un enfant, de bâtir un homme malgré les failles et en dépit d’une vie qui roue de coups. Texte puissant sur la petite vie des petites gens, sur le hasard malheureux et sur l’amour taiseux mais teigneux, ce roman m’a battue au fer et laissée pantelante. Faites de la place sur vos étagères de bibliothèque, Laurent Petitmangin débarque et il vous offre un grand roman.
    Quand la rage ne vous laisse comme option que de mettre l’autre à terre, ou de lui tendre la main.C’est l’amour inconditionnel d’un père qui doit faire face à la haine... C’est un récit où les émotions explosent, un tourbillon qu’on lit presque en apnée. Une histoire faite de petits riens, qui font une belle vie. C’est un premier roman qui est rempli de beauté, tout simplement bouleversant !
    Touchant, lucide, Ce qu’il faut de nuit est un hymne au courage, à la constance, à l’amour filial, à la vie, à la mort. Une leçon de vie dont il faut prendre acte. Un chant pour les pères. Ce récit bouleversant, sociétal est la somme de tous. Un père qui résiste aux vents contraitres. Deux frères, deux voies. Deux fils, grand écart. Un livre crépuscule, un homage filial. 
    Quelle découverte ! J’ai eu les larmes aux yeux dès la 12e page ! Les mots sont simples, les chapitres courts, c’est un roman qui se lit bien et très vite. 
    Il y a des romans dans lesquels l’auteur nous laisse observer depuis le jardin, de l’autre côté de la fenêtre, dans celui de Laurent Petitmangin on ne reste pas dehors, immédiatement on est invités à entrer, à pénétrer dans la maison peuplée par l’intimité de trois personnages. La narration est menée à la première personne dans un parler populaire et dès les premières pages l’empathie avec ce père veuf qui doit prendre soin seul de ses deux fils est forte.
    Un premier roman tout en retenue sur l’amour d’un père pour ses deux fils, qu’il élève seul. Une histoire de famille, une histoire d’hommes en devenir, une histoire de la France périphérique d’aujourd’hui. 
    Un texte bouleversant, grave et juste, profondément humain. Une plume à suivre !
    L’histoire de trois hommes, une histoire sur le fil, comme ce texte. Rien n’est en trop, rien n’est gratuit dans la narration.
    Il paraît qu’un grand texte est universel, qu’il sait parler à toutes et à tous. Je vous mets au défi de ne pas trouver de résonance dans Ce qu’il faut de Nuit de Laurent Petitmangin, parce que vous allez être bouleversés et ébranlés comme rarement. Pourquoi ? parce que c’est un grand texte.
    Beau, résolument, intensément beau. Un premier roman magistral et d’une justesse folle, sur l’immense difficulté de la paternité et la transmission. Sur ce que l’on porte, volontairement ou malgré soi. Sur ce que nos enfants héritent et parfois subissent. C’est déchirant, sublime et vibrant, ça nous fait battre le cœur et c’est tout ce dont on a besoin. 
    Dans un style un peu brut qui sonne juste, Laurent Petitmangin nous offre là un premier roman qui marque, émeut, bouleverse. 
    Une grande claque !
    Un premier roman remarquable et très émouvant. Une histoire d’amour, de famille. 
    Un trio d’hommes ébranlés dans leurs convictions profondes. Une écriture sobre et juste. ENORME coup de cœur !
    Peut-on pardonner à son enfant lorsque celui-ci s’éloigne des valeurs qu’on lui a transmises, jusqu’à commettre le pire ? Un roman social tout en subtilité, des personnages complexes et attachants, une tension permanente. Un premier roman comme un coup de poing. 
  • téléchargez l’extrait

    Fus s’arrache sur le terrain. Il tacle. Il aime tacler. Il le fait bien, sans trop démonter l’adversaire. Suffisamment vicieux quand même pour lui mettre un petit coup. Parfois le gars se rebiffe, mais Fus est grand, et quand il joue il a un air mauvais. Il s’appelle Fus depuis ses trois ans. Fus pour Fußball. À la luxo. Personne ne l’appelle plus autrement. C’est Fus pour ses maîtres, ses copains, pour moi son père. Je le regarde jouer tous les dimanches. Qu’il pleuve, qu’il gèle. Penché sur la main courante, à l’écart des autres. Le terrain est bien éloigné de tout, cadré de peupliers, le parking en contrebas. La petite cahute qui sert aux apéros et à la remise du matériel a été repeinte l’année dernière. La pelouse est belle depuis plusieurs saisons sans qu’on sache pourquoi. Et l’air toujours frais, même en plein été. Pas de bruit, juste l’autoroute au loin, un fin ruissèlement qui nous tient au monde. Un bel endroit. Presque un terrain de riches. Il faut monter quinze kilomètres plus haut, au Luxembourg, pour trouver un terrain encore mieux entretenu. J’ai ma place. Loin des bancs, loin du petit groupe des fidèles. Loin aussi des supporters de l’équipe visiteuse. Vue directe sur la seule publicité du terrain, le kebab qui fait tout, pizza, tacos, l’américain, steak-frites dans une demi-baguette, ou le Stein, saucisse blanche-frites, toujours dans une demi-baguette. Certains, comme le Mohammed, viennent me serrer la main, « inch’Allah on leur met la misère, il est en forme le Fus aujourd’hui ? » et puis repartent. Je ne m’énerve jamais, je ne gueule jamais comme les autres, j’attends juste que le match se termine.

    C’est mon dimanche matin. À sept heures, je me lève, je fais le café pour Fus, je l’appelle, il se réveille aussi sec sans jamais râler, même quand il s’est couché tard la veille. Je n’aimerais pas devoir insister, devoir le secouer, mais cela n’est jamais arrivé. Je dis à travers la porte : « Fus, lève-toi, c’est l’heure », et il est dans la cuisine quelques minutes après. On ne parle pas. Si on parle, c’est du match de Metz la veille. On habite le 54, mais on soutient Metz dans la région, pas Nancy. C’est comme ça. On fait attention à notre voiture quand on la gare près du stade. Il y a des cons partout, des abrutis qui s’excitent dès qu’ils voient un « 54 » et qui sont capables de te labourer la voiture. Quand il y a eu match la veille, je lui lis les notes du journaliste. On a nos joueurs préférés, ceux qu’il ne faut pas toucher. Qui finiront par partir. Le club ne sait pas les retenir. On se les fait sucer dès qu’ils brillent un peu. Il nous reste les autres, les besogneux, ceux dont on se dit vingt fois par match, vivement qu’ils dégagent, j’en peux plus de leurs conneries. À tout compter, tant qu’ils mouillent le maillot, même avec des pieds carrés, ils peuvent bien rester. On sait ce qu’on vaut et on sait s’en contenter. Quand je regarde Fus jouer, je me dis qu’il n’y a pas d’autre vie, pas de vie sur cette vie. Il y a ce moment avec les cris des gens, le bruit des crampons qui se collent et se décollent de l’herbe, le coéquipier qui râle, qu’on ne trouve pas assez tôt, pas assez en profondeur, cette rage gueulée à fond de gorge quand ils marquent ou prennent le premier but. Un moment où il n’y a rien à faire pour moi, un des seuls instants qui me restent avec Fus. Un moment que je ne céderais pour rien au monde, que j’attends au loin dans la semaine. Un moment qui ne m’apporte rien d’autre que d’être là, qui ne résout rien, rien du tout. Le match terminé, Fus ne rentre pas tout de suite. Je ne l’attends pas, il arrive qu’on a déjà presque fini de dîner avec son frère. « Gros,
    tu me laveras les maillots ?

    – Vas-y, et pourquoi je le ferais ?

    – T’es mon petit frère, t’inquiète, je te revaudrai ça. »

    Il prend son assiette, se sert et va s’installer devant les programmes de l’après-midi. À cinq heures, quand j’ai le courage, je vais à la section. Il y a de moins en moins de monde depuis qu’on n’y sert plus l’apéro. Ça devenait n’importe quoi, les gars ne travaillaient plus et attendaient juste qu’on sorte les bouteilles. On est quatre, cinq, rarement plus. Pas toujours les mêmes. Plus besoin de déplier les tables comme on le faisait vingt ans avant. La plupart ne travaillent pas le lundi. Des retraités, la Lucienne qui vient comme elle venait du temps de son mari, avec un gâteau qu’elle découpe gentiment. Personne ne parle, tant qu’elle n’a pas coupé huit belles parts, bien égales. Un ou deux gars au chômage depuis l’Antiquité. Les sujets sont toujours les mêmes, l’école du village qui ne va pas durer en perdant une classe tous les trois ans, les commerces qui se barrent les uns après les autres, les élections. Ça fait des années qu’on n’en a pas gagné une. Aucun de chez nous n’a voté Macron. Pas plus pour l’autre. Ce dimanche-là, on est tous restés chez nous. Un peu soulagés quand même qu’elle ne soit pas passée. Et encore, je me demande si certains, au fond d’eux-mêmes, n’auraient pas préféré que ça pète un bon coup. On tracte ce qu’il faut. Je ne crois pas que cela serve à grand-chose, mais il y a un jeune qui a le sens de la formule. Qui sait dire en une page la merde qui noie nos mines et nos vies. Jérémy. Pas le Jérémy. Jérémy tout court, car il n’est pas du coin et nous reprend à chaque fois avec notre manie de mettre des « le » ou des « la » partout. Ses parents sont arrivés il y a quinze ans, quand l’usine de carters a monté sa nouvelle ligne de production. Quarante embauches d’un coup. Inespéré. Si on l’a pas inaugurée vingt fois cette ligne, on l’a pas inaugurée. Toute la région, le préfet, le député, toutes les classes d’école sont venus lui faire des zigouigouis. Jusqu’au curé qui est passé plusieurs fois la bénir en douce. La journaliste du Répu n’en finissait pas de faire la route pour les raconter tous devant cette chaîne, symbole qu’on pouvait y croire. « La Lorraine est industrielle et elle le restera. » Une belle blonde qui faisait son métier proprement avec les mots d’espoir qui vont bien. C’est elle qui prenait aussi les photos, alors elle variait les poses, histoire que la page Villerupt – Audun-le-Tiche n’ait pas chaque jour la même gueule. Elle a mis du temps cette chaîne à se lancer, peut-être trop de temps. Le jour où on avait enfin formé les contremaîtres et les opérateurs, le jour où on avait enfin trouvé le moyen de traiter à peu près correctement le foutu solvant, rien du tout, quelques centilitres par jour qui s’échappaient et qui bloquaient l’accréditation, on était à nouveau en pleine crise, celle des banques, celle qui allait achever la ligne et ses résidus en deux coups les gros. L’usine aurait pu cracher des matières radioactives, je ne pense pas mentir en disant que le village n’en avait rien à faire, qu’on aurait préféré boire une eau de chiottes plutôt que de retarder encore le lancement de cette ligne. Il n’y avait pas eu de débat à la section, on n’était pas encore très écolos à l’époque. On ne l’est toujours pas d’ailleurs. Jérémy faisait partie de la classe printemps, comme on l’avait appelée alors. Une vingtaine de gamins qui étaient arrivés en mars-avril avec les parents tout juste embauchés et qui avaient réamorcé une classe supplémentaire de cours élémentaire et une de cours moyen dès la rentrée suivante. Il a vingt-trois ans, Jérémy, un an de moins que Fus. Au début, les deux-là ont été potes. Fus l’aimait bien. Il nous l’a ramené à la maison plusieurs fois. Et pourtant il ne ramenait pas beaucoup de monde chez nous. Je pense qu’il avait un peu honte. De sa mère qui pouvait à peine quitter le lit. De moi peut-être. Quand Jérémy venait, c’était une belle journée pour ma femme. Si elle en avait la force, elle se levait et leur faisait des gaufres ou des beignets. Elle râlait un peu auprès de Fus en disant qu’il aurait dû prévenir, qu’elle aurait fait la pâte plus tôt, la veille, que ç’aurait été bien meilleur, mais elle finissait par les faire ses beignets, croustillants, glacés de sucre. Il y en avait le soir pour le souper et encore un saladier plein pour le lendemain. Jérémy et Fus se sont vus jusqu’au collège. Et puis Fus a commencé à moins bien travailler. À piocher. À ne pas aller en cours. Il avait des excuses toutes trouvées. L’hôpital. Sa mère. La maladie de sa mère. Les rares embellies dont il fallait profiter. Les derniers jours de sa mère. Le deuil de sa mère. Trois ans de merde, sixième-cinquième-quatrième, où il m’a vu totalement impuissant. N’arrivant plus à y croire. Ayant perdu toute foi dans une rémission qui ne viendrait plus. Même pas capable d’arrêter de fumer. Plus capable de m’asseoir à côté de lui, quand il était en larmes sur son lit, plus capable de lui mentir, de lui dire que cela allait bien se passer pour la moman, qu’elle allait revenir. Juste capable de leur faire à manger, à lui et à son frère. Juste capable de me reprocher d’avoir eu ces enfants bien trop tard. On avait déjà trente-quatre ans tous les deux quand notre Gillou est né. En troisième, Fus n’y arrivait plus. Il a largué les derniers copains du bon temps. Le temps où les maîtres des petites classes l’aimaient bien. Ceux au collège ont eu beaucoup moins de patience. Ils ont fait comme si de rien n’était. Comme si le gamin ne passait pas ses dimanches à Bon-Secours. Au début, il prenait ses devoirs à l’hôpital, puis il a fait comme moi, il s’est juste assis près du lit, il a regardé le lit, sa mère dans le lit, mais surtout le lit, les draps, comment ils étaient agencés. Les petits défauts dans la trame à force de les faire bouillir et de les passer à la Javel. Pendant des heures. C’était dur de regarder la moman, elle était devenue laide. Quarante-quatre ans. On lui en aurait donné vingt, trente de plus. Parfois les infirmières la maquillaient un peu, mais elles ne pouvaient pas cacher le jaune ocre qui prenait semaine après semaine son visage mal endormi, et surtout ses bras qui sortaient du drap, déjà en fin de vie. Comme moi, il a dû parfois souhaiter de ne pas y aller à Bon- Secours, qu’il y ait un dimanche normal, ou au contraire quelque chose de bien exceptionnel qui nous aurait empêchés de faire la route, mais ça n’arrivait jamais, on n’avait rien de mieux, rien de plus urgent à faire, alors on allait voir la moman à l’hôpital. Il n’y a que notre Gillou qu’on s’arrangeait de laisser parfois aux voisins pour l’après-midi. Sur le coup des huit heures, après le service du souper, on sortait soulagés d’y être allés. Parfois, l’été, contents d’avoir ouvert la fenêtre. D’avoir profité d’une de ces heures où elle était bien consciente et d’avoir écouté avec elle les bruits de la cour. On lui mentait, on lui disait qu’elle avait meilleure mine et que le professeur, croisé dans le couloir, avait l’air content. J’aurais quand même dû le pousser. Je l’ai regardé dégringoler petit à petit. Ses carnets étaient moins bons, mais qu’est-ce que ça pouvait faire ? Mon peu d’énergie, je l’ai gardé pour continuer à travailler, continuer à faire bonne figure devant les collègues et le chef, garder ce foutu poste. Faire gaffe, crevé comme je l’étais, un peu chlasse parfois, de ne pas faire une connerie. Faire gaffe aux courts-jus. Faire gaffe aux chutes. C’est haut une caténaire. Revenir entier. Car il fallait bien nourrir mes deux zèbres, tenir bon sans boire jusqu’à ce qu’ils se couchent. Et puis me laisser aller. Pas toujours. Souvent quand même. Voilà comment ont filé ces trois ans. Bon-Secours, le dépôt SNCF de Longwy, parfois celui de Montigny, la ligne Aubange – Mont-Saint-Martin, le triage de Woippy, le pavillon, la section et de nouveau Bon-Secours. Et puis les découchés à Sarreguemines et à Forbach, m’organiser avec les voisins pour qu’ils gardent un œil sur le Gillou et Fus. Fus qui devait faire à manger, les boîtes préparées, juste à les réchauffer : « Tu fais attention, tu n’oublies pas le gaz, va pas nous mettre le feu à la maison. Vous couchez pas trop tard, si tu as besoin tu vas voir chez le Jacky, ils savent que vous êtes seuls ce soir. » Fus grand dès ses treize ans. Charge d’homme. Un bon gars, la maison était toujours nickel quand je rentrais le lendemain. Pas une fois, il n’eut à aller voir le Jacky. Même quand la grêle avait explosé la verrière de la cuisine, des cailloux gros comme le poing. Même quand Gillou n’arrivait pas à dormir, qu’il avait peur, qu’il voulait sa mère. Fus s’en était toujours débrouillé. Il faisait ce qu’il fallait. Il parlait à Gillou, le réveillait le lendemain, lui préparait son déjeuner. Et trouvait encore le temps de nettoyer derrière lui. Dans d’autres circonstances, ç’aurait été l’enfant modèle, vingt fois, cent fois, mille fois récompensé. Là, avec ce qui se passait, ça ne m’était jamais venu à l’idée
    de lui dire merci. Juste un « ça s’est bien passé, pas de bêtises ? On ira à Bon-Secours dimanche ». La moman, elle, savait s’en occuper, de Fus et de Gillou. Elle allait à toutes les réunions de l’école, insistait pour que je pose un jour de congé et que je vienne aussi. Nous étions toujours les premiers, au premier rang, coincés derrière les petits pupitres des enfants. Attentifs aux conseils de la maîtresse. La moman prenait des notes qu’elle relisait aux enfants le soir. Elle avait inscrit Fus au latin, parce que c’étaient les meilleurs qui faisaient latin, ça servait à bien comprendre la grammaire, c’était de l’organisation, comme les mathématiques. Latin et allemand. Ils auraient le temps de faire de l’anglais en quatrième. Elle avait de l’ambition pour les deux. « Vous serez ingénieurs à la SNCF. C’est des bonnes places. Médecins aussi, mais surtout ingénieurs à la SNCF. » Quand on avait découvert la maladie, elle m’en avait reparlé de l’avenir des enfants, mais c’était au début. Je n’y croyais pas à ce cancer, elle non plus, je crois. Je l’avais laissée dire sans prêter attention, puis elle s’était effondrée assez rapidement dans la souffrance et elle n’était plus revenue dessus. Les dernières semaines, quand elle savait que c’était fini, elle n’avait pas fait le tour de sa vie et s’était abstenue de tout conseil. Elle s’était contentée de nous regarder, le peu de temps où elle était consciente. Juste nous observer, sans même nous sourire. Elle ne m’avait rien fait promettre. Elle nous avait laissés. Elle s’était démenée pendant trois ans avec son cancer. Sans jamais dire qu’elle allait s’en sortir. La moman n’était pas bravache. Une fois, je lui avais dit :

    « Tu vas le faire pour les enfants.

    – Je vais déjà le faire pour moi », qu’elle m’avait répondu.

    Mais je crois qu’elle énervait les médecins, pas assez motivée, pas assez de gueule en tout cas. Ils attendaient qu’elle se rebiffe, qu’elle dise comme les autres, qu’elle allait lui pourrir la vie à ce cancer, le rentrer dans l’œuf. Mais elle ne le disait pas. Un truc de film, un truc pour les autres. Comme les dernières recommandations. Trop pour elle. C’était pas la vraie vie, pas comme ça que sa vie était faite en tout cas. Alors, personne à son enterrement ne m’avait parlé de son courage. Pourtant trois ans d’hôpital, de chimio, trois ans de rayons. Les gens m’avaient parlé de moi, des enfants, de ce qu’on allait faire maintenant, presque pas d’elle. On aurait dit qu’ils lui en voulaient un peu de sa résignation, d’avoir donné une si piètre image. Le professeur avait juste haussé les épaules quand je lui avais demandé comment s’étaient passées les dernières heures. « Comme les jours d’avant, pas plus pas moins. Vous savez, monsieur, votre femme ne s’est jamais réellement révoltée contre sa maladie. Ce n’est pas donné à tout le monde. Je ne vous dis pas d’ailleurs que cela aurait changé quelque chose, nul ne peut savoir à vrai dire. » Voilà l’oraison. Même le curé avait eu du mal. Il ne nous connaissait pas trop. On n’allait pas à la messe, mais la moman voulait un petit quelque chose, enfin j’avais imaginé, on n’en avait guère parlé. Je m’étais dit que ça marquerait le coup de passer à l’église. Pas envie qu’elle parte comme ça, si vite. Pour les enfants aussi, c’était mieux, plus correct. Au sortir du cimetière, un jeune, le fils d’un des gars de la section, m’avait abordé. Il s’était excusé d’être arrivé en retard, mais ça roulait mal depuis la sortie de la nationale.
    Il m’avait proposé une cigarette.

    Gillou était déjà rentré avec le Jacky. Fus ne m’avait pas lâché de toute la cérémonie, plein de tristesse, pénétré par cette journée. Voyant que nos cigarettes s’enchaînaient, il avait fini par s’asseoir sur le banc de pierre en haut du cimetière. Il regardait les terrassiers s’activer sur la tombe de la moman, pour terminer avant la nuit. Moi, j’étais avec le jeune, au bout du terrain, là où il y avait encore de la place pour trois pleines travées, un coin bien vert, en surplomb de la vallée, un bel endroit, dommage qu’il soit si près de toute cette mort. Nous discutions de tout et de rien. Je savais que les autres m’attendaient au bistro pour le café et les brioches que j’avais commandés la veille. Mais j’avais plaisir à fumer avec ce jeune gars comme si de rien n’était. Soulagé que cette journée soit finie, content qu’il ne se soit rien passé. De quoi avais-je eu peur ? Qu’est-ce qui pouvait bien arriver le jour d’un enterrement ? Soulagé quand même. Parcouru de pensées vides, de questions aussi inutiles qu’indispensables qui allaient rythmer désormais ma vie. Qu’est-ce que j’allais leur faire à manger ce soir ? Qu’est- ce qu’on ferait dimanche ? Où étaient rangées les affaires d’hiver ?

  • La Manufacture de livres - Rentrée 2020

    Laurent Petitmangin sur France Culture

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