Albert Simonin
Albert Simonin naît à Paris en 1905. Fils d’un fabricant de fleurs artificielles, il fréquente l’école communale et à douze ans et demi, armé de son certificat d’études, doit commencer à travailler. Il sera entre autres apprenti électricien, vendeur de chemises, couvreur, négociant en perle, employé à la Bourse et enfin chauffeur de taxi. L’un de ses confrères, poète à ses heures, l’initie à l’écriture et il publiera en 1935 un premier livre d’anecdotes Voilà taxi ! Le livre est suffisamment remarqué pour lui ouvrir les portes de quelques rédactions et il gagnera sa vie comme journaliste pendant plusieurs années. En 1953, introduit par Raymond Queneau, il adresse à Marcel Duhamel, directeur de la Série noire chez Gallimard, son premier roman : Touchez pas au grisbi ! Jusqu’alors, la célèbre collection n’a publié qu’un seul auteur français et sous pseudonyme américain : le livre de Simonin devient le premier roman français assumé de la collection. Et c’est un immense succès : le roman remporte, à la surprise générale, le Prix des Deux Magots ; une adaptation cinématographique avec Jean Gabin et Jeanne Moreau est tournée. Plus d’un million d’exemplaires du livre seront vendus. Pour Simonin, c’est un prodigieux début. Pour le roman noir français, c’est une porte ouverte à une nouvelle génération d’auteurs. Suivront huit autres romans, un livre de mémoires, plusieurs essais. Simonin tient une place unique dans le monde des lettres, son utilisation de l’argot et du parler populaire dans ses romans secoue les codes littéraires en vigueur. En 1960, il est finaliste du Goncourt. Parallèlement à sa carrière d’auteur, Simonin collabore avec plusieurs réalisateurs, Jacques Becker, Marcel Carné, Georges Lautner… Avec Michel Audiard, il forme un duo complice. Il signera treize scénarios dont quatre adaptations de ses romans (notamment Touchez pas au grisbi, Le Cave se rebiffe et Les Tontons flingueurs) et collaborera à plus de trente films. Il mourra à Paris en 1980. En 2008, l’ensemble des archives de Simonin entre à la BNF. Pour Bruno Racine, qui en était alors le président, « L’œuvre d’Albert Simonin a tracé des voies nouvelles et fécondes. C’est une figure majeure des littératures policières qui rejoint les collections nationales. »